L'Oeuvre d'art

L'oeuvre d'art plastique est matière issue de l'esprit. Cet esprit que l'on peut aussi appeler l'espace mental du plasticien conditionne les processus constitutifs de sa création. C'est précisément de cet espace mental que sortent ses choix.
L'artiste va mettre ses propres choix en relation, va les articuler afin de passer de la conception mentale à la création artistique. Ainsi toute pensée créatrice prend naissance dans un certain espace qui lui est propre et abstrait, en tout cas vu de « l’extérieur », autrement dit, ce qui n’est pas dans l’espace « intérieur » de l’artiste.
La confrontation s'effectue au dedans entre l'oeuvre naissante et l'artiste, et au dehors avec le spectateur.
Si l'on veut créer, il faut sacrifier tout ce qui est superficiel, une partie de sa sécurité et souvent, le désir de plaire, afin de faire émerger l'intuition la plus aigüe, les visions les plus profondes.
Dans un acte assez lent, parfois douloureux, je vais faire fusionner ombre et lumière, réflexion et intuition, violence et amour, matière et spiritualité afin que l'essentiel, du moins ce qu’à mes yeux je crois essentiel, s'accomplisse.
Je veux que mes tableaux permettent, même si cela peut paraître contradictoire, une sorte de recueillement ludique. Je pense qu'ils sont avant tout faits pour être regardés, non pas pour leur aspect purement esthétique ou formel ; compositions, volumes, lignes, matière et couleurs, mais plutôt pour susciter une vision, une introspection.
C'est une peinture qui repose sur l'imagination du spectateur, elle ne prend véritablement vie que par cette recherche.
Je cherche à intégrer dans mes tableaux la transparence et la distorsion. Celles-ci, comme le visible/caché, permettent de maintenir l'image dans un état de relative indifférenciation par rapport aux codes habituels de lecture de l'image. C'est très important, car cela oblige le spectateur à y mettre sa part d'imaginaire. Depuis quelques temps je suis très intéressé par les "collages" ou plutôt ce que je préfère nommer “fragments“, leurs états d'instabilité, les distorsions qu'ils provoquent, les questions qu'ils posent, l'ambiance qu'ils procurent. Cet outil, le collage, permet d'être plus artisan, plus bâtisseur, que montreur.


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